Le plus beau des cadeaux (PV Tori d'amour)

23 Décembre... La veille de la veille de Noël, oui ça fait beaucoup de veilles dans la même phrase. Aussi, ça fait quoi... vingt jours sans coca? Ou trente? Il ne savait plus. Marco ressentait un vide chaque fois qu'il ouvrait le frigo et trouvait une place vide là où sa fidèle boîte de boisson effervescente sucrée devait y attendre. Au fil du temps, il avait empli cet espace de frigo avec des légumes, des citrons, des fruits frais. Chaque fois qu'il lui prenait une rage de coca, il la compensait en mangeant des citrons ou des mini-carottes. D'ailleurs rêvait-il ou il avait maigri? ...Enfin pas énormément, mais il se sentait différent dans ses pantalons et il avait l'impression de commencer à flotter dans ses vieilles chemises. C'était bon signe. L'activité physique aidait aussi... Enfin passons, il était là à regarder le contenu du frigo et réfléchir à quoi préparer pour le réveillon.

Il avait pensé qu'ils pourraient aller au Québec pour faire plaisir à Tori, mais les billets en période des fêtes étaient hors de prix et ils devaient sûrement recevoir de la famille déjà chez eux. ...Et non pas de tricherie avec des objets en or pur venus de nul part à envoyer chez les prêteurs sur gages. Parfois c'était tentant, mais il s'était juré de ne pas utiliser son pouvoir égoistement. Leur autre alternative était possiblement aller voir Archie et sa famille, mais ils étaient apparement convoqués chez les parents de l'ancien professeur de biologie. Il avait vraiment utilisé le terme convoqué, comme s'ils allaient à une réunion formelle plus que des festivités de Noël. Marco espérait pour Archie et Kendra que ce n'était qu'une impression. En gros, pour Noël, et leur anniversaire de mariage, c'était lui et sa femme.

Rien de mal à avoir une petite fête intime et un modeste souper aux chandelles. Il espérait juste que Tori n'allait pas se sentir trop seule. Comme pour prévenir ça, il décida de faire téléphoner Tori au Québec plus tard, au diable la facture de téléphone!

Après il restait la question du souper... Pas de dinde, pas de volailles tout court. ...Mmm... Il pourrait proposer à Tori un boeuf Wellington? C'était un autre classique du temps des fêtes apparement. Marco était loin d'être un cordon bleu, mais comme n'importe qui, il pouvait regarder des tutoriels sur youtube, même si ça lui prendrait le double de temps de préparation, il allait faire en sorte que le repas soit bon! C'est animé par cette détermination qu'il ferma la porte du frigo et alla quérir sa compagne!

Recroquevillée, la tête appuyée sur l'un des coussins du canapé, j'essaie de me concentrer sur mon livre. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas lu, alors je profite du temps des fêtes pour le faire. Le problème, c'est que je n'arrive pas lire, parce que j'ai la tête ailleurs. Je me surprends à arriver à la fin des pages sans avoir porté attention aux mots ainsi qu'à leur signification et sans avoir retenu quoique ce soit.

Après avoir essayé de relire quatre pages, je ferme le livre et l'envoie valser sur la table basse en soupirant. Avec mes pieds, j'attrape un autre coussin que je prends dans mes mains et serre contre ma poitrine, avant de fermer les yeux et d'écouter les bruits de l'appartement. C'est calme. C'est tellement calme que je pourrais presque entendre les flocons tomber dehors, s'il neigeait...

Dans moins d'un an, ça ne sera peut-être plus aussi calme. Ça fait quelques jours que je me demande quand lui annoncer. À Noël ? Le jour de son anniversaire ? À minuit le jour de l'an ? Tout ça est très cliché, mais c'est aussi plutôt mignon. Cependant, j'ai peur qu'en attendant, par exemple, jusqu'à son anniversaire, il ait le temps de s'en apercevoir. C'est peut-être même déjà le cas. Il ne faudrait pas que je le sous-estime. À force d'aller à la toilette le matin ces derniers temps, il a pu se rendre rendre compte de quelque chose. Toutefois, s'il avait remarqué quoique ce soit d'inhabituel, il se serait probablement inquiété pour moi et m'aurait demandé si tout allait bien. Je ne peux pas anticiper toutes ses actions, mais je le connais quand même assez bien pour me faire une idée de la manière dont il agirait... D'un autre côté, je n'ai pas envie d'attendre. Pourquoi le faire davantage ? Une occasion se présente à presque chaque instant que je passe avec lui. Ce n'est pas comme si je manquais d'opportunités. Bon, c'est vrai que ce n'est pas le genre de truc adéquat à dire pour combler un malaise ou à sortir d'une façon badine en plein milieu d'une conversation, mais ça laisse quand même beaucoup de moments appropriés. Peut-être aussi que je ne sais simplement pas comment l'annoncer, parce que je veux trouver une façon originale de le faire, au lieu de juste le dire. Un dessin ? Okay, mais qu'est-ce qu'il y a à dessiner ? Du théâtre d'ombres ? Mon dieu, j'ai presque tout aussi peur de ce que je pourrais improviser... Pourtant, il va bien falloir que je trouve quelque chose.

J'entends la porte du frigo se fermer, puis des pas. J'ouvre les yeux et décale juste un peu la tête pour la tourner vers la direction d'où ils proviennent.

En approchant du salon, Marco crut entendre un bruit sourd. Comme... quelque chose qui heurtait autre chose brusquement.

- Tori!?

...Fiou, elle était encore debout, enfin assise, elle ne semblait pas être tombée. Elle avait l'air toutefois perturbée comme si quelque chose la dérangeait. Replaçant ses lunettes, Marco s'avança d'un pas incertain.

- Est-ce que tu va bien? J'ai cru entendre un bruit et j'ai... Je me demandais ce qui s'était passé.

Inutile de lui dire qu'il croyait qu'il s'agissait d'une chute, même si son expression inquiète devait parler pour lui. Se raclant la gorge comme pour détendre l'atmosphère... Chose qui ne marche jamais soit dit en passant, il pensa à comment emmener le sujet suivant. Hey chérie, j'ai zéro confiance en moi, mais je vais préparer le repas des fêtes! Ou juste dire qu'il allait préparer le souper, ça allait très bien aussi. Pas besoin de rajouter le manque de confiance en lui, ça, Tori allait le deviner toute seule. En vrai il avait quelques choses qui le tracassaient. Il savait que Tori n'était pas matérialiste et qu'elle était adorable et allait sans doute aimer peu importe ce qu'il allait lui donner, mais pour ce coup là, il était nerveux. Et si ça la décevait au fond, mais qu'elle ne voulait pas lui dire? ...Oui il prenait vraiment les trucs les plus bizarre pour lesquelles se soucier, au point que cela l'empêchait de dormir la nuit et le matin il se réveillait plus tard par conséquent. Ou était-ce ça qui fâchait potentiellement sa bien-aimée? Aïe... C'est vrai qu'il se réveillait souvent le lit désert depuis quelques jours. Tori avait-elle toujours été aussi matinale? Tant de questions!

- ...Un boeuf Wellington pour Noël, ça te dirais?, proposa-t-il enfin à voix haute.

Avant même d'avoir mis les pieds dans la pièce, il m'interpelle :

- Tori?!

Malgré le ton plutôt incertain que je décèle dans la voix de Marco, je me contente de répondre par un son, plutôt que par un mot :

- Mmh ?...

Il parait à la fois rassuré et inquiet.

- Est-ce que tu va bien? J'ai cru entendre un bruit et j'ai... Je me demandais ce qui s'était passé.

Je me redresse pour m'asseoir en indien sur le canapé et pose par-dessus mes jambes le coussin que je serrais dans mes bras. Ensuite, je fais un signe de la tête pour indiquer le roman sur la table.

- Ça doit être le livre. Je l'ai peut-être lancé un peu brusquement sur la table. Je ne croyais pas que ça ferait autant de bruit. C'est simplement pour ça que tu es venu, ou bien...

Je laisse ma phrase en suspens, haussant simplement les épaules en le regardant. Je ne veux pas lui donner l'impression qu'il s'est inquiété inutilement si jamais c'était pour cette seule raison qu'il était venu, mais sur le coup, c'était peut-être formulé de façon à lui faire croire qu'il s'agissait de ça. Finalement, après quelques instants au cours desquels il parait hésitant, il demande :

- ...Un boeuf Wellington pour Noël, ça te dirais?

Je réfléchis quelques secondes, avant de sourire à la proposition et d'acquiescer d'un hochement de la tête.

- Avec plaisir ! Je suis certaine que, préparé par toi, ce sera délicieux !

S'en suit un petit moment de silence malaisant, comme c'est inconsciemment devenu la norme entre nous. Puis, en laissant filer mon regard vers le mur en face, une pensée me vient à l'esprit et je me dit que, tant qu'à faire, je suis assise et je peux lui demander de venir s'assoir sans qu'il ne voit quoique ce soit venir.

- Tu sais quoi ? Réduis l'éclairage de la pièce et viens t'asseoir à côté de moi.

Pour lui montrer que j'insiste, je tapote la place vide sur le canapé et attends qu'il s'exécute. Une fois que c'est fait, je le prends doucement par les mains et le regarde dans les yeux. Je prends une grande respiration et prends la parole :

- Je sais qu'il reste encore deux jours avant Noël, mais je suis trop impatiente pour attendre plus longtemps, alors je voudrais te donner ton cadeau de Noël ET d'anniversaire maintenant.

Comme pour mettre encore plus l'emphase sur son côté surprotecteur, Tori s'était assise bien normalement, montrant que tout allait bien en lui expliquant qu'elle avait ''lancé'' un livre. ...Wow, enfin lancé était peut-être un grand mot, mais ça surprenait quand même Marco. Et le livre était... Ah non, pas le Petit Prince, mais ''Alice aux Pays des Merveilles''. Bon, elle n'allait quand même pas lire toujours le même livre quand même. Elle lui répondit joyeusement par rapport à l'idée du souper.

- Avec plaisir ! Je suis certaine que, préparé par toi, ce sera délicieux !

Aaaaaaaaaaaaaah!!! Marco pauvre fou! Maintenant il fallait absolument que ce soit parfait! Les espoirs de sa chère femme reposaient sur ses épaules, ce qui valait le monde pour lui. Midas devint ainsi Atlas... Ouais okay okay, il n'avait pas été la chercher loin celle et peut-être qu'il dramatisait un peu. Juste un tout petit peu. ...Il pourrait acheter les ingrédients en triple et faire plusieurs essais, si ça ne marche pas, il allait les donner à Jack le Cockatiel. Bon Dieu, il sentait le jugement du piaf pour avoir osé pensé à ça. Ouais, il avait l'imagination trop fertile. Tiens une idée de contes à raconter aux enfants, les histoires de Jack, l'oiseau qui complotait pour dominer le monde.


- Tu sais quoi ? Réduis l'éclairage de la pièce et viens t'asseoir à côté de moi.

-...Ah?

Marco s'exécuta. Il aimait bien l'éclairage à roulette du salon, ça lui permettait justement d'ajuster la luminosité et avoir une certaine ambiance. Qu'est-ce que Tori mijotait tout à coup? Il vint s'asseoir avec obéissance aux côtés de sa compagne qui prit une bonne inspiration.

- Je sais qu'il reste encore deux jours avant Noël, mais je suis trop impatiente pour attendre plus longtemps, alors je voudrais te donner ton cadeau de Noël ET d'anniversaire maintenant.

Le jeune homme écarquilla les yeux.

- M-Maintenant? Euh, tu es sûre? Je veux dire, si tu veux je pourrais te donner le sien en même temps...

Il fallait avouer que lui aussi avait hâte de lui offrir son cadeau, jamais il se serait attendu à voir Tori aussi impatiente. ...Ce qui était vraiment mignon en fait.

Face à ce que je viens de lui dire, la réaction de mon amoureux ne se fait pas attendre.

- M-Maintenant? Euh, tu es sûre? Je veux dire, si tu veux je pourrais te donner le tien en même temps...

Je retiens un petit rire. C'est mignon de sa part, mais je ne veux pas qu'il se sente obligé de le faire. Après un bisou sur la joue, je réponds :

- Oui, oui, je suis sûre, mais écoute, c'est comme tu le sens. Je ne veux pas te forcer à quoique ce soit. Pour commencer, ferme simplement les yeux, s'il te plaît.

Lorsque c'est fait, je lâche ses mains aussi doucement que je les ai prises et agite les miennes devant son visage pour m'assurer qu'il ne triche pas, mais c'est plus par simple réflexe que parce que je m'attendrais à ce qu'il triche. Je lui fais entièrement confiance. Je prends ensuite quelques instants pour réfléchir en fixant le mur d'en face, puis lorsque j'ai une idée plutôt claire de ce que je veux faire, je me concentre sur la surface verticale. Après une dizaine de secondes, des lettres lumineuse y ont fait leur apparition et forment un message dans la pénombre : " Tu vas être papa ! "

Satisfaite, je dis en fixant le mur :

- Voilà, tu peux maintenant ouvrir les yeux !

Et j'attends sa réaction avec plus d'impatience que jamais. J'espère qu'il s'agissait de la meilleure façon de lui annoncer la nouvelle.

- Oui, oui, je suis sûre, mais écoute, c'est comme tu le sens. Je ne veux pas te forcer à quoique ce soit. Pour commencer, ferme simplement les yeux, s'il te plaît.

Marco obéit, fermant bien ses yeux. Il était curieux il fallait l'avouer et il sentait son coeur battre avec une certaine hâte, mais il attendit patiemment jusqu'à ce que Tori lui permettre d'ouvrir les yeux. Il les cligna un peu avant de remarquer des lettres de lumière écrites sur le mur. Tu...vas être...papa... Il cligna encore un peu des yeux, lisant et relisant. Pourquoi il voyait embrouillé?... Oh... Marco se sentait envahi d'une intense chaleur et il n'arrivait plus à penser logiquement. Un état merveilleux et indescriptible.

Laissant échapper une petite exclamation joyeuse, il prit Tori dans ses bras. Des larmes lui coulaient des yeux, mais il s'en fichait, il ne pouvait pas s'arrêter de sourire ou s'empêcher d'embrasser sa compagne. Il ne disait rien d'intelligible, une combinaison de petits cris de joie et de petits sanglots d'émotions. Après quelques secondes, il parvint enfin à dire ce qu'il voulait lui dire.

- Tori... Je crois que c'est le plus beau des cadeaux... Je t'aime tellement.

Il était heureux bien au delà des mots, toujours tenant sa compagne contre lui, sa main glissa le long de la taille de celle-ci, se rendant sur le ventre encore plat de celle-ci.

- Je sais que c'est encore trop tôt pour le voir... Mais quand je pense qu'on a notre Shimmer ou notre Sora...

Marco renifla un peu avant de loger sa tête dans le creux de l'épaule de sa bien-aimée. Il se sentait déjà empli d'amour pour leur futur enfant, quel qu'il soit.

- À comparer, mon cadeau risque d'être bien banal, ria-t-il timidement.

Une seconde, deux secondes, trois secondes, quatre secondes, cinq seco- Ump, un câlin sauvage apparaît ! Je me mets à rire de bonheur, tandis que des larmes me montent aux yeux de voir mon âme sœur si heureuse. Pendant qu'on se sert dans nos bras, j'articule avec difficulté, tellement je suis envahie par l'émotion :

- Joyeux Noël-anniversaire, mon grand !

Je me surprends même à lui frotter le dos comme si je voulais le réconforter de quelque chose. Trop de bonheur d'un coup. Je crois que toute la lumière a disparue sur le mur, mais de toute façon, ça ne durerait pas. Ce qui compte c'est que mon annonce ait eu l'effet escompté.

- Tori... Je crois que c'est le plus beau des cadeaux... Je t'aime tellement.

- Moi aussi, je t'aime !

Alors que sa main glisse le long de mon corps pour se porter sur mon ventre, la mienne la rejoint pour lui tenir compagnie.

- Je sais que c'est encore trop tôt pour le voir... Mais quand je pense qu'on a notre Shimmer ou notre Sora...

J'hoche la tête, en étouffant un petit " Oui. " J'espère que tout se passera bien. Je le souhaite au plus profond de mon corps, de mon esprit, de mon cœur et de mon âme, si ça existe et qu'on en possède vraiment une.

- À comparer, mon cadeau risque d'être bien banal.

Je ris et réponds :

- Il n'y a pas grand chose dans l'univers qui puisse battre ça, mais ta réaction, rien que ça, pour moi ça vaut tout l'or du monde... sans jeu de mots.

Et j'enchaîne avec un autre câlin durant lequel je ferme les yeux.

- On est imbattables !

- Joyeux Noël-anniversaire, mon grand !

- Toi aussi... EUH, je veux dire bonne fête des mères... Hahaha...

Réalisant qu'il était probablement en train de répondre en débile, Marco se mit à rire quelque peu, se sentant rassuré en sentant la main de Tori sur la sienne. L'entendre lui dire qu'elle l'aimait aussi était toujours agréable à entendre. Quelle sensation merveilleuse!

- Il n'y a pas grand chose dans l'univers qui puisse battre ça, mais ta réaction, rien que ça, pour moi ça vaut tout l'or du monde... sans jeu de mots.

Marco ria encore un peu avec cette remarque, faisant un nouveau câlin à sa femme. Bon, il allait devoir se surpasser avec son boeuf Wellington. Que Youtube lui donne la force!

- On est imbattables !

- La meilleure équipe qui soit, approuva-t-il.

Sans elle en tout cas, il n'osait pas imaginer où il serait. Certainement pas dans cet appartement et certainement pas marié et futur papa, logique. Il ferma les yeux, ressentant une nouvelle hâte pour l'avenir, voir leur enfant à travers une échographie, le prendre dans ses bras, le regarder grandir et aller à l'école. Okay on se calme cowboy.

- Tu sais ça fais combien de semaines?, demanda-t-il.

Ça allait lui donner un approximatif de la date prévue de la naissance en même temps. Marco lorgna du regard le cadeau soigneusement emballé sous le sapin. Le donner, ne pas le donner... Aaaah! Et puis zut! Il allait le faire! Après que Tori lui ait répondu, il s'excusa et alla chercher le présent sous le sapin, le tendant à Tori.

- J'espère que tu vas pas trouver ça trop... sentimental... , souffla Marco avec gêne.

Il avait entièrement travaillé ce cadeau lui-même. Quelque chose de fait main qui avait une forme rectangulaire. Lorsque Tori déballa le cadeau en question, elle pouvait y voir un gros cartable en reliure de faux-cuir et avec des lettres dorés, gracieuseté du pouvoir de Marco, sur le livre était inscrit ''Notre Histoire''.

À l'intérieur, il y avait de nombreux dessins réalisés par lui-même, des photos et des souvenirs, des textes, racontant leur première rencontre, leurs souvenirs mémorables, la fois où ils se sont avoués leur sentiments... Tout leurs plus beaux souvenirs et leurs moments à deux étaient répertoriés dans ce scrapbooking et il restait à la fin bien des pages encore vierges.

- Notre histoire est pas finie, y'en a encore beaucoup à raconter... Mais voilà, j'ai travaillé là-dessus pendant un bon moment et je me suis dit que ça ferait un beau souvenir et quelque chose à montrer à nos enfants...

Marco baissa les yeux en rougissant, priant pour que Tori apprécie son intention.

- La meilleure équipe qui soit.

Mon sourire s'élargit davantage en entendant ce renchérissement.

- Tu sais ça fais combien de semaines?

Je réfléchis un peu. Je ne sais pas exactement de quelle façon il faut compter ça. Ce doit être trop simple pour moi et je dois me creuser inutilement la tête.

- Environ... peut-être 6 ou 7 semaines, je crois. Quelque chose comme ça.

Après cette réponse, il s'écarte pour se diriger vers notre petit sapin et revient avec un cadeau qu'il me tend.

- J'espère que tu vas pas trouver ça trop... sentimental... souffla Marco avec gêne.

Je prends le paquet rectangulaire avec précaution, contrairement aux gens qui vont jusqu'à brasser le leur pour tenter de deviner ce qu'il renferme, ce que je trouve insupportable à regarder, et j'entreprends de le déballer délicatement, peut-être un peu trop, mais je veux être certaine de ne rien abîmer si jamais c'est fragile. Un livre ?... Non. Un cartable. Je passe ma main sur la surface de la reliure en lisant ce qui y est écrit : Notre Histoire. En regardant les lettres brillantes, je n'ai même pas besoin de me poser la question, je sais qu'il s'agit d'une touche personnelle et ça me fait presque rire.

- Notre histoire est pas finie, y'en a encore beaucoup à raconter... Mais voilà, j'ai travaillé là-dessus pendant un bon moment et je me suis dit que ça ferait un beau souvenir et quelque chose à montrer à nos enfants...

Curieuse d'en savoir plus, après ce que mon amour a dit, j'ouvre timidement le cartable à une page aléatoire et y observe en premier les images qui me sautent aux yeux, puis lis un texte se trouvant à côté. Vers la fin, je sens les larmes revenir à mes yeux et je pose l'ouvrage sur la table pour éviter de l'abîmer, mais sans pour autant le quitter des yeux, je porte mes mains à mon visage pour couvrir ma bouche et mon nez. C'est tellement beau. Je regarde ensuite Marco et le serre dans mes bras.

- Je l'adore, merci, je l'adore vraiment. J'ai hâte de voir tout ce qui a été fait dedans. Merci beaucoup !

Six ou sept semaines... Ça donnait le goût à Marco d'aller faire des recherches et de savoir où ça en était, enfin c'était quand même pas très avancé, mais... Bon sang, était-il en train de devenir le genre de futur papa gaga? Non... Il n'allait pas partager dix milles photos et status facebook. Il allait être sage et vivre sa paternité en privé. Évidemment, il allait y avoir des photos, mais pour l'album personnel familial. Parlant de famille, il se demandait comment les futurs grand-parents et tante allaient réagir. Aussi qui allait être la marraine et le parrain? Essayait-il de noyer le stress imminent du déballage de cadeau avec d'autres pensées potentiellement anxiogène? Pendant quelques brèves secondes, il ressentit une certaine peur en voyant Tori déposer le cartable et porter ses mains à ses yeux. Oh non, était-elle déçue au point d'en pleurer? Il aurait dut acheter du matériel d'art peut-être--- Et il se sentit gravement imbécile lorsqu'il entendit les paroles de sa femme.

- Je l'adore, merci, je l'adore vraiment. J'ai hâte de voir tout ce qui a été fait dedans. Merci beaucoup !

Elle pleurait de joie et le confirma en offrant un nouveau câlin, que Marco s'empressa de lui rendre.

- J'en suis tellement heureux..., souffla-t-il, éprouvant un profond soulagement.

Il avait mis tout son coeur dans ce recueil et il espérait voir Tori y apporter sa touche un de ces jours... Pendant un long moment, il ne disait rien, savourant juste l'instant dans les bras de son âme soeur. La lumière était toujours tamisée, ils n'étaient que faiblement éclairés par la lumière du sapin. Modeste, mais décoré à deux, il avait un éclairage chaleureux et mettait l'esprit de gaieté nécessaire pour le temps des fêtes.

- Quelle est la prochaine étape tu crois?, pensa Marco à voix haute.

Tori ne devait pas le savoir plus que lui, étant elle-même nouvelle à cette situation, mais il demanda tout de même.

Après cette accolade et après m'avoir dit qu'il était heureux, Marco demande :

- Quelle est la prochaine étape tu crois?

Essuyant mes yeux larmoyants, je réfléchis l'espace d'une seconde, avant de me dire que je ne sais même pas de quoi il parle. Je réponds donc :

- Ça dépend. Dans quel contexte ? Les célébrations de Noël ?

Avant d'avoir la chance d'obtenir une réponse, j'entends la sonnerie de mon téléphone retentir et mon regard se pose sur la table où l'appareil est posé. Je pourrait peut-être le laisser sonner ou ne pas répondre, mais... Oh et puis, zut ! Je me lève et me penche au-dessus de la table pour regarder ce que l'écran indique. Refuge de Gleann Saor, oh génial... D'un air désolé, je regarde Marco pour lui faire comprendre que je dois répondre, puis je décroche et porte le téléphone à mon oreille. À l'autre bout du fil, la voix de ma patronne me demande si je pourrais rentrer travailler les 27 et 28 décembre pour remplacer un employé qui, suite à un imprévu, ne pourra pas revenir avant début janvier. Je m'assure que je n'ai rien de prévu avec qui que ce soit ces journées-là, puis j'accepte. Bon, c'est dommage durant le temps des fêtes, mais les tâches sont plutôt agréables, alors ça va. Après avoir souhaité un joyeux Noël à ma supérieure, je raccroche et redépose mon cellulaire sur la table, puis retourne m'assoir à côté de mon amoureux.

- Pardon. C'était pour le refuge. Je vais remplacer quelqu'un les journées du 27 et 28... Eumh, alors ? De quoi il était question ?

Quelle tentative nulle pour tenter de reprendre la conversation là où elle avait été laissée...

- Ça dépend. Dans quel contexte ? Les célébrations de Noël ?

...Marco voulait se frapper lui-même. Il n'aurait pas put être plus vague que ça, en effet. Tandis qu'il cherchait ses mots pour clarifier un peu, le téléphone sonna. Qui ça pouvait bien être? Sur le coup, il était un peu peiné que la conversation ait ainsi été interrompue, mais il n'en fit pas de cas, constatant que Tori se levait pour aller répondre. Elle écouta un peu avant d'accepter quelque chose. La conversation ne s'éternisa pas et Tori lui expliqua qu'elle devrait remplacer le 27 et le 28 au refuge. C'était un emploi qu'elle aimait beaucoup et ça se voyait. Il ne pouvait pas vraiment dire qu'il avait de quoi de prévu ces journées là, c'était dommage de ne pas pouvoir profiter des vacances, mais en même temps, avec la venue du bébé, Tori allait être un moment sans retourner au refuge. Ah oui, d'ailleurs pour en revenir au sujet...

- Pardon. C'était pour le refuge. Je vais remplacer quelqu'un les journées du 27 et 28... Eumh, alors ? De quoi il était question ?

- Pas de soucis. Je me demandais juste quelle était la suite par rapport au bébé... On prends rendez-vous chez un médecin? D'ailleurs qui va s'occuper de ton suivi? Et est-ce qu'on commence déjà à faire les boutiques... Je me doute que c'est un peu tôt. Mais je me demandes si y'a pas quelque chose qu'on doit faire en premier lieu. C'est dans ces temps-là que j'aimerais bien avoir un guide pour les nouveaux-parents, ria Marco nerveusement.

Sans que ce soit vraiment en sujet, il lorgna du regard le cartable qu'il avait offert à Tori. Il avait déjà une idée de nouvelle page qui se formait dans sa tête. Pour le moment, il se la nota mentalement et se promit de s'en occuper plus tard.

- Pour les festivités... Pour le moment ça sera surtout toi et moi et un souper. Tu pourrais appeller tes parents pour leur parler pour Noël. Ou on connecte Skype ou quelque chose avec la Webcam... On devrait leur annoncer la nouvelle quand?

Et comment aussi... C'était sûrement mieux de leur annoncer en personne, mais il ne savait pas quand ils pourraient aller au Québec et si d'ici là, la grossesse de femme ne commencerait pas à se voir.

Pas de reproche. J'ai de la chance d'avoir un mari compréhensif !

- Pas de soucis. Je me demandais juste quelle était la suite par rapport au bébé... On prends rendez-vous chez un médecin? D'ailleurs qui va s'occuper de ton suivi? Et est-ce qu'on commence déjà à faire les boutiques... Je me doute que c'est un peu tôt. Mais je me demandes si y'a pas quelque chose qu'on doit faire en premier lieu. C'est dans ces temps-là que j'aimerais bien avoir un guide pour les nouveaux-parents.

Ahhhh, d'accord. C'était de ça qu'il voulait parler. Je ne saurais pas répondre à toutes ces questions qui surgissent d'un coup, mais pour autant, je ne m'en fais pas par rapport à tout ça.

- Je suppose qu'en faisant des recherches sur internet, on pourra trouver des astuces et une bonne partie des réponses aux questions qu'on pourrait se poser.

- Pour les festivités... Pour le moment ça sera surtout toi et moi et un souper. Tu pourrais appeller tes parents pour leur parler pour Noël. Ou on connecte Skype ou quelque chose avec la Webcam... On devrait leur annoncer la nouvelle quand?

Le programme me plait. Forcément, on ajoutera autre chose, sinon le temps risque d'être long, mais à date, ça commence bien. Pour la question par rapport à ma famille, j'hausse les épaules.

- Je ne sais pas. Je pourrais envoyer un message d'avance à ma famille pour lui dire que j'ai une nouvelle à lui annoncer et demander si ce serait possible de la faire le jour de Noël. Mais je crois que le plus tôt sera le mieux. Après tout, ma mère est bien placée pour nous renseigner à propos de certaines questions.

Bon, pour la suite, Google allait être leur ami! Il avait été déjà une aide précieuse pour Marco quelques semaines plus tôt, si Tori regardait les historiques de navigations, elle verrait déjà tout les trucs possibles pour améliorer la fertilité, les étapes du deuil... Oui, ça concernait le Coca-Cola. Oui, il avait un problème. Est-ce que ça existe les dépendants au Coca-cola anonyme? Il avait regardé et il y avait les dépendants au Coke--- Pardon, à la Coke. Et il avait supprimé ça de son historique. C'était pas le moment que Tori pense qu'il avait des problèmes de drogue! Sa drogue était le sucre, rien d'autre! Bref, il fallait penser aussi à libérer un de ces jours la pièce qui leur servait de local d'art, à moins d'avoir un lit pour bébé dans leur chambre, ou alors chercher plus grand. Et c'était encore tôt pour le savoir. Ils ne savaient pas s'ils attendaient un il ou une elle et ils étaient en plein temps des fêtes. Pas un temps pour commencer à mettre tout dans des boîtes.

- Je ne sais pas. Je pourrais envoyer un message d'avance à ma famille pour lui dire que j'ai une nouvelle à lui annoncer et demander si ce serait possible de la faire le jour de Noël. Mais je crois que le plus tôt sera le mieux. Après tout, ma mère est bien placée pour nous renseigner à propos de certaines questions.

- C'est vrai... Elle serait sans doute le genre solidaire. Ce qui m'inquiète un peu c'est la réaction de ton père..., avoua Marco avec une certaine gêne.

Il voulait vraiment s'entendre avec John, mais ce dernier ne semblait pas l'accepter, il se rappellait encore de sa réaction quand il avait demandé Tori en mariage. Il y avait-t-il un moyen pour défaire cette tension inutile?

- Je n'essaie pas de dire que ton père est méchant! J'ai juste l'impression encore qu'il ne m'aime pas et je me demande... Comment faire pour changer ça, si c'est possible. Je veux tellement que tout aille bien, s'empressa-t-il d'ajouter.

- C'est vrai... Elle serait sans doute le genre solidaire.

J'hoche vivement la tête pour approuver ses dires. Et puis, une mère c'est une mère. Ça en restera toujours une, peu importe l'âge de ses enfants.

- Ce qui m'inquiète un peu c'est la réaction de ton père...

Je troque mon grand sourire pour une petite moue. Moi aussi, ça m'inquiète un peu. Il n'y a probablement que deux réactions possibles : soit il fait comme avec " l'annonce " des fiançailles et va s'isoler dans une pièce, soit il sera heureux, mais le ne montrera pas trop. Dans les deux cas, je ne l'imagine pas avoir une réaction disproportionnée, mais de toute façon, même si ça ne lui convient pas, c'est ma vie et non la sienne. Tant pis pour lui s'il n'arrive pas à faire avec mes choix. Ce serait triste, mais c'est comme ça.

- Je n'essaie pas de dire que ton père est méchant! J'ai juste l'impression encore qu'il ne m'aime pas et je me demande... Comment faire pour changer ça, si c'est possible. Je veux tellement que tout aille bien.

Pour rassurer Marco, je mets ma main sur son épaule.

- Je crois que pour ça, le temps fera ses preuves. Je ne sais pas à quoi il pense. Après quelques années sans problème dans notre couple, il devrait pertinemment savoir que tu ne risques pas de me laisser tomber du jour au lendemain. Je ne me suis pas plainte de quoique ce soit non plus, alors je ne croirais pas qu'il puisse penser que tu ne me respectes pas. Je ne sais vraiment pas c'est quoi le problème. Il me semble que, du moment où sa fille est heureuse, un père devrait l'être aussi...

Il ne va quand même pas se dire qu'après avoir découvert que sa fille était un monstre et après qu'elle en ait épousé un autre, elle va décider d'avoir d'autres petits monstres pour polluer la société... Erk, pitié, non ! Faites qu'il n'ait pas ce genre de pensée dignes des américains manquant cruellement d'éducation qui brandissent leur Bible pour être sauvés des homosexuels, des immigrants et des scientifiques. Il vaut vraiment mieux que ça !

Et vint la culpabilité lorsque Tori perdit son sourire. Bravo Marco, il était vraiment le meilleur! Quel bout-en-train il doit être dans les fêtes--- La seule à laquelle il avait été était celle du Vortex... Mieux valait le laisser dans le passé que cet évènement ne devrait jamais quitté. Pour en revenir à l'essentiel, Tori... Ah zut, si seulement elle pouvait toujours être heureuse... Quoi que c'était irréaliste. Si elle était forcée à avoir un sourire pendant des funérailles, ou qu'elle se retrouvait avec la tête du Joker dans Batman-- Le stress mettait vraiment les souvenirs et l'imagination de Marco en vrille. Heureusement que la main de Tori, toujours aussi chaleureuse, se posait sur son épaule comme pour lui dire ''Je suis là, reviens à la réalité'' Il eut un léger soupir de soulagement, se sentant juste réconforté déjà.

- Je crois que pour ça, le temps fera ses preuves. Je ne sais pas à quoi il pense. Après quelques années sans problème dans notre couple, il devrait pertinemment savoir que tu ne risques pas de me laisser tomber du jour au lendemain. Je ne me suis pas plainte de quoique ce soit non plus, alors je ne croirais pas qu'il puisse penser que tu ne me respectes pas. Je ne sais vraiment pas c'est quoi le problème. Il me semble que, du moment où sa fille est heureuse, un père devrait l'être aussi...

- Si Dieu ou des Dieux existent, je le jurerais devant eux, je te laisserai jamais tomber.

Il avait dit ça comme par réflexe, se sentant ensuite un peu gêné. Pas honteux d'avoir dit cela, il le pensait, mais peut-être trop mélodramatique?

- Un jour qui sait, on pourras peut-être se parler et essayer de se comprendre, ajouta Marco pensif.

Il était déjà heureux d'être si bien reçu par Katheryne, il espérait toujours gagner l'approbation de John. N'ayant plus vraiment de famille ou de racine, il avait l'impression d'avoir besoin désespérement de s'accrocher à de nouvelles racines, de se sentir accepté. Comment cela pourrait-il être possible si pour l'un des membres de cette famille, il n'était qu'un intrus? Peut-être devrait-il en effet écouter Tori et laisser faire le temps, ou alors arrêter d'être un éternel dépendant à la recherche d'approbations.

Se levant, il prit sa bien-aimée dans ses bras.

- Bon! Allez, j'ai une journée pour maîtriser la cuisine! Je ne vais pas te laisser manger de plats congelés un réveillon de Noël.

Ni tout autre journées d'ailleurs... Il avait eu de la chance les années précedentes de soit aller au resto ou soit être invité chez d'autres gens, mais là il allait devoir puiser au fond de lui-même pour trouver un Gordon Ramsay.. Ou un Guy Fieri... Ou n'importe quel cuistot pour faire quelque chose de commestible pour sa femme qui allait devoir manger pour deux pendant un long moment.

- ...Je pense à ça, les épiceries sont ouvertes aujourd'hui et demain?

Mon amoureux réagit vivement à mes propos :

- Si Dieu ou des Dieux existent, je le jurerais devant eux, je te laisserai jamais tomber. Un jour qui sait, on pourras peut-être se parler et essayer de se comprendre.

Touchée par ses mots, je le regarde tendrement, avant de lui dire :

- T'es vraiment mignon.

Et je me relève avec lui, le laissant me prendre dans ses bras.

- Bon! Allez, j'ai une journée pour maîtriser la cuisine! Je ne vais pas te laisser manger de plats congelés un réveillon de Noël.

- Hahaha, essaie de m'en empêcher !

Dis-je pour plaisanter en lui tirant la langue. En vrai, le seul truc congelé que je pourrais potentiellement manger, ce serait de la crème glacée, surtout à la cerise. Mmh, la bonne Cherry Garcia de chez Ben & Jerry's !

- ...Je pense à ça, les épiceries sont ouvertes aujourd'hui et demain?

J'essaie de me rappeler des horaires de magasin durant le temps des fêtes. Je n'y suis pas encore habituée pour l'Écosse et Marco non plus d'ailleurs. Au Québec, c'est simple ou bien c'est simple parce qui j'y ai été habituée... Hésitante, je réponds :

- Eumh, aujourd'hui, je crois que oui, demain, je ne sais pas... Mais je ne compterais vraiment pas sur la journée de demain, si j'étais toi, alors, file, Marco Distasio !

Sur ces paroles, je le pousse légèrement vers la sortie de la pièce en rigolant, mais avant de le laisser partir, je l'embrasse sur la bouche.

- Je t'aime.

Puis je vais rallumer les lumières du salon ou plutôt, je vais tourner la roulette pour augmenter l'intensité de l'éclairage.

- T'es vraiment mignon.

Marco s'était senti rougir encore plus. Pas autant qu'elle l'était... Aaaah, vraiment, un peu plus et il allait tousser des pétales. Riant avec elle de sa petite plaisanterie, il dut revenir au sérieux par rapport aux courses. Aïe... Oui, il allait devoir faire vite en effet! En espérant de ne pas se faire écrasé par des mères de familles en furie avec leur carrosse.

- Eumh, aujourd'hui, je crois que oui, demain, je ne sais pas... Mais je ne compterais vraiment pas sur la journée de demain, si j'étais toi, alors, file, Marco Distasio !

- Hahaha d'a---

Il fut à nouveau agréablement surpris en sentant le doux contact des lèvres de sa compagne. Juste ça, ça lui donnait envie de jeter le bon sens par la fenêtre et juste rester avec elle. Ils durent cependant mettre fin au baiser.

- Je t'aime.

- Je t'aime aussi...

Marco la regarda encore un peu aller remettre la lumière à l'intensité normale avant de mettre ses bottes et son manteau.

- Bon... Je vais y aller. Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle moi sur mon portable!

Il ponctua sa phrase d'un baiser soufflé avant d'aller affronter l'hiver, heureusement beaucoup plus clément qu'à Boston. L'épicerie se tenait à deux rues de distance de marche, amplement faisable. Moins agréable quand on a des paquets à ramener, mais il allait s'arranger pour chercher le strict nécessaire.

Alors pour le boeuf Wellington, déjà ça prends, évidemment du boeuf. Selon la recette, deux livres de coeur de filet mignon... Il allait s'informer à un boucher sur place. ...Et en prendre trois. Il allait faire des essais au cas où que ça foire--- Allons, pensée positive! Des échalottes, des champignons de Paris... ...Allez c'est bon pour la santé et c'est émincé, il allait s'en sortir! Du vin blanc... AH MERDE! Tori est enceinte! Elle ne peut pas prendre d'alcool! Est-ce que c'était nécessaire. Ce n'est qu'après avoir demandé à un commis s'il y avait du vin blanc non-alcoolisé qu'il appris que l'alcool allait se dissoudre à la cuisson, donc c'était sans risque. Fiou... Bon, mais pour être sûr il n'allait pas faire de la sauce au vin. De la sauce au poivre en sachet allait faire le travail hein?

...Pourquoi son panier d'épicerie se remplissait-il plus vite que prévu? Au moins, il avait les herbes genre le persil et autres à la maison. Le lait aussi, les trucs basiques, ça Marco avait tout. Pour le reste de la recette, s'il avait attendu le lendemain il aurait sûrement été foutu. Il commençait à craindre de passer à la caisse. Il avait encore un bon coussin de ses derniers contrats, mais...

Déjà il fallait savoir que Marco était photographe à son compte. Il avait tenté sa chance avec plusieurs studios de photographie, mais leur réponse était souvent similaires. Il se rappelait de sa dernière entrevue.

''Écoutez Monsieur Wasabi...''

"C'est Wakasa''

''...Votre port-folio est impressionnant, je vous l'accorde. Mais vous n'avez pas de formation officielle en arts, pas de diplôme d'études.''

Oui évidemment, parce qu'il ne pouvait pas écrire ''Académie Tsuki'' sur son Curriculum Vitae. Marco s'était sentit se mordre les lèvres.

''Nous cherchons des gens qui n'ont pas seulement du talent, mais la formation et l'expérience qui vient avec. Revenez nous voir lorsque vous aurez garni un peu ce CV''

L'homme avait été poli, mais froid, presque hautain. Aucunement souriant. Il avait l'impression de parler à ce type, le critique culinaire dans le film Ratatouille, si ça pouvait donner une idée du personnage. Bref, Marco était rentré une nouvelle fois bredouille. Si ça n'avait pas été d'Archie qui avait quelques contacts comme clients, il n'aurait pas put payer sa part de loyer. Hélas, c'était comme jouer à pile ou face. Parfois, il avait ses périodes de succès. Ses clients satisfaits parlaient à leurs amis qui eux parlaient à leurs amis et Marco se retrouvait avec des photoshoot de familles, de mariages, d'animaux. Après ça venait la période morte, un peu comme celle où il se trouvait en ce moment. Il vivait sur ses économies en priant pour qu'il ait un nouveau coup de fil pour un gros contrat qui le ferait vivre les prochains mois. Ou peut-être devrait-il se trouver un vrai boulot...

Marco arrêta brusquement son panier d'épicerie, entendant une dame jurer derrière lui, cette dernière le dépassa en lui lançant des éclairs à travers ses épaisses lunettes, mais l'asiatique n'y prêtait pas attention. Société maudite! Il allait devoir rentrer chez lui, aller s'enfermer dans la salle de bain face au miroir et se répéter ''Être photographe est un vrai boulot, être photographe est un vrai boulot, être photographe est un vrai boulot!'' Il n'avait pas pris la voie facile, mais cette voie était juste! Il allait poursuivre son rêve et en vivre! Tant pis s'il ne devenait pas riche. Tori ne l'avait pas épousé pour son argent, ou dans ce cas-ci son or, la preuve elle ne voulait pas qu'il se mette à utiliser son pouvoir pour les faire vivre. Ça ne serait pas juste et ils ne cherchaient pas à devenir le couple Wayne de la place. Logé dans leur tour avec leur Alfred et des milliards de dollard.

When you walk away... You don't hear me say! Pleaseeeeeeeeee oh baby!

''Ah! Tori!''

À peine eut-il entendu la sonnerie de son portable, Marco s'empressa de le sortir de sa poche.

- Oui, chérie?

Tiens, c'était rare qu'il l'appellait comme ça. Rougissant, il écouta ce qu'elle avait à dire.

- Peux-tu ramener de la crème glacée aux cerises, s'il te plaiiiit?

Elle demandait ça avec le ton innocent d'une petite fille, comment refuser?

- Ben and Jerrys? Okay, je vais chercher ça, je passe à la caisse et j'arrive. À tout de suite.

Souriant, Marco la laissa raccrocher avant d'aller dans l'allée glacée. ...Voilà donc ce qu'elle voulait dire, haha, il s'en était un peu douté.

Après avoir passé à la caisse il se retrouva avec deux gros sacs, au moins ils étaient également lourds, ça l'équilibrait au lieu de le faire tomber d'un côté ou de l'autre.

C'est arrivé à l'appartement qu'il se trouva un peu les mains liés.

- C'est Marco Despacito--- Euh BEURK. NON J'AI PAS DIT ÇA! ...Distasio? Tu peux faire comme si t'avais pas entendu le lapsus et m'ouvrir la porte, s'il te plaiiiiit?, imita-t-il.

Cette foutu chanson devait jouer dans l'épicerie et s'était imiscée dans son subconscient en violeur... en voleur, quoi que ça revenait du pareil au même dans ce cas-ci.

Suite au départ de Marco, je retourne m'assoir sur le canapé et décidé de feuilleter le cadeau de mon amoureux en attendant qu'il revienne de l'épicerie. À un moment, je relève la tête et me dis que j'ai oublié de faire une demande spéciale, alors je repose l'ouvrage et attrape mon cellulaire pour appeler mon partenaire. En même pas 6 secondes, temps qu'il me faut pour allumer mon appareil et sélectionner les options, me voilà déjà l'oreille collée contre la surface lisse à attendre que ça décroche à l'autre bout du fil. Son numéro est dans les favoris, alors c'est facile. À peine une sonnerie plus tard, il répond déjà.

- Oui, chérie?

Surprise par cette appellation qui surgit rarement, un sourire nait sur mon visage. Je pose ma question sur un ton innocent, mais en jouant timidement avec mon amulette et en inclinant la tête sur le côté :

[/color=#ffbf00]- Peux-tu ramener de la crème glacée aux cerises, s'il te plaiiiit ?[/color]

- Ben and Jerrys? Okay, je vais chercher ça, je passe à la caisse et j'arrive. À tout de suite.

- D'accord, merci beaucoup ! Je t'attends.

Je raccroche avec un sourire triomphal. Yeeeah ! Pour la peine, je vais le guetter pour pouvoir lui ouvrir la porte lorsqu'il va arriver. Bon, je l'aurais fait de toute façon, en fait...  Mon téléphone retrouve sa place sur la table, mais au moment où je viens pour quitter le salon, mon nez commence à me chatouiller et l'instant d'après, j'éternue, puis j'éternue une seconde fois. Je me mets alors en quête de mouchoirs, mais lorsque je me mouche...

- ... fichu changement d'air.

On a beau vivre sur une île, lorsque l'hiver arrive, l'air devient plus sec dans les maisons à cause du chauffage qui se met en marche et à l'occasion, ma paroi nasale démontre qu'elle n'apprécie pas ce changement en devenant sensible pour parfois se mettre à saigner. Du coup, j'utilise ma technique habituelle : condensation du " Kleenex " et pencher la tête vers l'avant. J'aurais dû faire plus attention en me mouchant... Au bout d'un certain temps, j'entends cogner à la porte d'entrée. Zut, Marco, j'avais oublié ! Armé de mon mouchoir en boule, je me dirige vers la porte, pendant que j'entends :

- C'est Marco Despacito--- Euh BEURK. NON J'AI PAS DIT ÇA! ...Distasio? Tu peux faire comme si t'avais pas entendu le lapsus et m'ouvrir la porte, s'il te plaiiiiit?

Trop tard pour faire comme si je n'avais rien entendu, je laisse déjà échapper un rire à cause du lapsus. Question ouverture de la porte, elle est barrée, mais heureusement, ma clé est dans la serrure. Je n'ai qu'à l'empoigner avec le reste du trousseau et faire tourner le tout d'un geste de ma main libre, puis à répéter l'action, mais avec la poignée cette fois-ci, pour ouvrir la porte.

- Je suis le cerbère de la porte. Êtes-vous le maitre des clés ?

Moi je dis +10 points pour cette référence à Ghostbusters.

Un rire en partie étouffé par la porte parvint tout de même aux oreilles de Marco, rougissant un peu. Heureusement ça signifiait que Tori allait le libérer bientôt et qu'il allait pouvoir poser les victuailles sur la table. Il entendit le son de la clé, ah oui bien sûr, il avait verrouillé la porte par habitude. Ils n'étaient pas les seuls rescapés de Tsuki sur cette île et une, parfois deux anciennes Rubis venaient pour... Pour quoi en fait? C'était une des grandes questions de la vie? Il y a-t-il une vie après la mort? Pourquoi sommes-nous sur cette terre? Qu'est-ce que Venda vient fouttre chez eux? Parfois, Marco se disait que même Dieu pourrait pas répondre à cette dernière question. Heureusement, ses réflexions existensielles furent coupées par la porte ouverte.

- Je suis le cerbère de la porte. Êtes-vous le maitre des clés ?

Marco s'apprêta à répondre lorsqu'il vit le mouchoir. Imbibé de sang!

- T-Tori?! Est-ce que ça va?

Il ne perdit pas de temps pour rentrer et poser ses sacs sur la table avant de revenir à la charge vers l'amour de sa vie. Posant doucement ses mains à ses épaules, comme s'il craignait qu'elle tombe, Marco commença ses questions.

- Tu es pâle, est-ce que c'est l'usage de ton pouvoir qui t'a fais cette réaction?

Normalement ça en prenait plus que ça, mais peut-être que pouvoir + un bébé en route ne faisaient pas bons ménages. Que pouvait-il en savoir? Fallait-il appeler Archie? L'ambulance? La brigade anti émeut---euh, non. Alala... Même si à ce moment là Marco n'avait aucunement cette réflextion, s'il réagissait de manière aussi disproportionnée pour un saignement de nez qu'est-ce que ça allait être à l'accouchement?

En voyant sa réaction, je m'interroge pendant un bref instant, avant de stupidement réaliser. Ah oui, c'est parce que je saigne du nez. Oups...

- T-Tori?! Est-ce que ça va?

Je le laisse passer pour qu'il puisse entrer et aller déposer les sacs qui lui encombrent les deux mains. Je suis un peu surprise qu'il puisse encore s'inquiéter, mais d'un autre côté, c'est toujours anormal pour notre cerveau de voir du sang sur quelqu'un.

- Euh... mais oui, ça va... pareil comme tout à l'heure.

Aussitôt que les sacs rencontrent la surface de la table, mon amoureux revient vers moi, me faisant un peu douter de son écoute, mais je sais bien ce que l'inquiétude provoque chez lui. Ce n'est pas très grave, mais je suis gênée de provoquer de l'inquiétude chez lui. Surtout, Tori, ne t'embête pas. Parle de manière détendue et reste calme. Reste calme ou autrement, vous allez tous les deux vous stresser pour rien. Je le laisse donc poser ses mains sur mes épaules et j'attends qu'il ait fini de poser des questions, avant d'y répondre.

- Tu es pâle, est-ce que c'est l'usage de ton pouvoir qui t'a fais cette réaction?

- Non, non, ça n'a rien à voir. Voyons, Marco, tu sais bien que maintenant j'arrive à maintenir mon pouvoir pendant une dizaine de minutes sans subir de conséquences. C'est simplement la variation entre l'air humide et l'air sec. Rien de plus. Tout est normal.

Si je n'avais pas ce mouchoir collé à mon nez, je m'avancerais vers lui pour lui faire un bisou sur la joue, afin de le rassurer. Pour remplacer ce geste, je porte ma main libre à sa mâchoire pour caresser sa joue avec mon pouce et j'ajoute :

- Mais, merci de t'inquiéter pour moi.

Tori allait visiblement aussi bien que lorsqu'il l'avait laissée avant ses courses. Elle parlait calmement si ce n'était que ça se voyait dans ses yeux qu'elle trouvait sa réaction exagérée. L'air sec... Oh, bien sûr! Et puis c'était loin d'être rare de voir Tori saigner du nez, au contraire. Il baissa légèrement la tête se sentant un peu idiot. Il allait devoir faire attention pour ne pas la surprotéger, et ne pas oublier cette note mentale dès le prochain incident, que ce soit nausées, étourdissements et autres symptômes naturels. Il ne put s'empêcher de sourire un peu en sentant la main de Tori se porter doucement sur sa joue, la caressant un peu alors qu'elle le remerciait de se soucier d'elle.

- C'est normal voyons..., souffla-t-il.

Il passa un bras derrière sa douce moitiée, la guidant vers le salon. Il eut un autre sourire en voyant le cartable.

- Ça te plaît toujours autant?, demanda-t-il timidement.

Marco réfléchissait encore à trouver un temps pour apporter la touche manquante, mais pour le moment il allait laisser Tori en profiter.

- Je suis dans la cuisine si tu as besoin de moi, je vais préparer le repas et tester un peu la recette.

Il posa un baiser sur le front de Tori avant de filer à la cuisine. Oh c'est vrai. Avant...Marco se dirigea vers les armoires et en sortit un bol et une cuillière. Après quelques minutes il revint au salon.

- Livraison de glace à la cerise Ben and Jerrys!

Si elle avait demandé à en avoir, elle ne refuserait probablement pas un bol. Rien de mal à une petite collation pour patienter. Après être retourné à la cuisine et ranger tout les aliments, sauf ses ingrédients nécessaires, Marco s'arma de son ordinateur portable et commença à regarder la vidéo de recette. Une fois... Deux fois. ...Oh. C'était une recette pour deux justement qu'il venait de trouver. Devinez qui a acheté trois coeurs de filet mignon pour des tables familiales pour absolument rien! ...Pleurant intérieurement, Marco se jura de penser à un usage pour la viande en trop, en attendant elles allaient être les voisines de la crème glacée dans le congélateur. Une autre pensée vint à l'esprit de l'asiatique alors qu'il coupait les portions de viande nécessaires.

Bon, s'il préparait ça maintenant et qu'il réussissait, tant mieux! Mais il faudrait alors le manger. Donc, ils en remangeraient le lendemain? S'il les prends et que ça foire, c'est pas bon signe pour le lendemain. S'il ne se pratique pas, il prends le risque de le préparer le lendemain pour le réveillon et avoir une chance sur deux que ce soit super bon ou super dégueulasse.

-...Toriiiiiiiii?

Aaargh, c'était pas elle qui allait avoir besoin de lui finalement, mais l'inverse. Délaissant son matériel, il se dirigea vers elle d'un pas penaud en lui expliquant son dilemme.

- On fait quoi selon toi?

Après l'avoir apaisé, je me laisse entraîner vers vers le salon par mon guide. Bon, c'est moins cool avec les mouchoirs, mais au moins, ce n'est pas avec un poteau à roulettes d'hôpital auquel est attachée une poche de sang, reliée à mon bras par un tuyau... Erk... Je m'assois sur le canapé et pendant que Marco jette un coup d'œil au cadeau précédemment offert, moi je jette subtilement les mouchoirs dans une poubelle habilement dissimulée presque en arrière du meuble. Juste pour m'assurer que ça ne coule plus, je passe ma main sous mon nez, mais ça semble correcte. Parfait...

- Ça te plaît toujours autant?

Je me retourne en me demandant à quoi correspond la question, avant de comprendre qu'il veut parler de l'ouvrage.

- Mmh ? Ah, oui ! Oui, ça me plaît ! J'ai hâte de le continuer.

Comme pour me laisser l'occasion de le parcourir, il m'annonce :

- Je suis dans la cuisine si tu as besoin de moi, je vais préparer le repas et tester un peu la recette.

- D'accord ! Moi je serai... eh ben, ici, en fait. Hahaha !

Un baiser et puis s'en va. Avant de me remettre à parcourir le cartable, j'envoie un message à ma mère pour lui dire que je voudrais appeler la famille en conférence vidéo le 25 décembre. Alors que j'attends une réponse, des pas se rapprochent du salon.

- Livraison de glace à la cerise Ben and Jerrys!

Je lève la tête et prends le bol comme s'il s'agissait d'une relique antique.

- Ohhh, merci !

Avant qu'il ne reparte, je saisis la cuillère avec une portion de crème glacée et l'approche de mon amoureux.

- Tiens, pour te récompenser, à toi l'honneur !


Après avoir obtenu une réponse de ma mère, excitée comme toujours, je regarde attentivement quelques pages du cartable, comme si je voulais en imprimer chaque détail dans mon esprit. Je ne veux pas aller trop vite. Je veux laisser durer le plaisir de découvrir ou de redécouvrir. Le temps passe, je termine le bol de crème glacée à la cerise et à un moment donné, j'entends :

-...Toriiiiiiiii?

J'ai droit à un Marco avec une attitude bien différente de celle de tout à l'heure. Tiens ? Quelque chose ne va pas ? Il m'explique le problème et je ne peux pas m'empêcher de sourire, allant même jusqu'à placer une main devant ma bouche pour me donner un air attentif, alors que j'essaie juste de cacher le sourire qui m'agrippe les lèvres. Je ne me moque pas de Marco, seigneur, non, mais ce genre de situation m'amuse et il se trouve que mon âme sœur possède le don d'en créer.

- On fait quoi selon toi?

Allez, Tori, concentre-toi ! Je formule une solution un peu boiteuse :

- Tu en prépares ce soir et tu proposes aux voisins de faire les goûteurs ?...

Okay, j'avoue, je sais pas quoi faire.

Marco profita de quelques secondes pour se détendre un peu, il allait pas se stresser avec un repas, même si c'était déjà ça qu'il faisait. Savourer la première cuillère de glace à la cerise aidait toujours un peu. La nourriture changeait toujours un peu le mal de place. Tori ne mit pas beaucoup de temps à lui trouver une solution.

- Tu en prépares ce soir et tu proposes aux voisins de faire les goûteurs ?...

À cette réponse, le jeune homme l'approcha pour l'embrasser sur le front.

- Tu es géniale.

Elle ne devrait pas sous-estimer ses capacités à trouver des solutions, juste là, elle venait de lui enlever une bonne grosse couche de stress, il se sentait déjà plus léger. Ils avaient des relativement bons voisins. Marco sentait parfois des effluves d'herbes s'il approchait trop de la porte du voisin d'en bas, mais le gars n'était pas du genre à faire la grosse fête, à empester tout l'immeuble et à avoir la police chez lui... Il n'était pas Alyssa au fond. Juste pour ça, Marco l'aimait bien. Mike qu'il s'appelait s'il ne se trompait pas. L'autre personne au sous-sol c'était une fille dans leur âge environ. Il savait que Tori sympathisait pas mal avec elle, peut-être était-ce l'occasion de la connaître aussi.

Retournant à la cuisine, Marco retroussa ses manches. Bon déjà il fallait retrouver sa vidéo... Ou prendre une recette écrite.

- Toriii?

Ciel, pourvu qu'il ne dise pas vingt fois son nom dans la soirée...

- Ricardo ou Gordon Ramsay?

Et oui c'était maintenant qu'il hésitait côté recette. Allait-il réussir son boeuf avant minuit de soir là? Ah, étonnament elle choisissait Ricardo... d'ailleurs c'était qui? Bon peut importe. Apparement ça allait être plus simple. Allons y pour ça!

...Marco mit toute son application et toute son attention pour son boeuf. D'abord la préparation des champignons qui formaient une sorte de purée noire foncée. Il se demandait si c'était normal et s'il ne devait pas laisser les champignons émiettés, mais il se corrigea au dernier moment pour suivre la recette coûte que coûte. Le résultat avait l'air normal, du moins assez pour être enfourné. Le deuxième essai se gâta.

Alors qu'il faisait saisir la viande, une giclée d'huile fut envoyée sur sa main organisant une malheureuse réaction en chaîne.

- Aïe!

Il avait lâché la viande. Lâché la viande! Marco avait l'impression de voir la scène au ralenti, mais son corps réagissait vite, trop vite, il voulu la rattraper pour corriger son coup, mais sa même main qui avait reçu l'huile chaude heurta la surface brûlante de la poêle, qui avait l'impact se renvera, déversant le reste de son huile et le boeuf sur la main, le pantalon de Marco avant de finir sa course sur le plancher. Marco aussi était inclus, se trouvant à genoux, tenant sa main à vif en se mordant les lèvres pour ne pas crier, mais les larmes lui montaient aux yeux comme s'il coupait des centaines d'oignons.